Yanis Ourabah et la capture du mouvement, Part.2
Publié le.
22/3/2022
Cet article fait suite au premier article que nous avons publié le 11 mars dernier sur Yanis Ourabah et son projet Dance in Lyon. Nous évoquions son parcours, de l’évolution du projet ainsi que son avenir. Alors pourquoi un deuxième article, me direz-vous ? On profite de ce second chapitre pour reparler de ce magnifique projet qui fait danser les rues de la capitale des Gaules, et plus particulièrement des aspects techniques de la photographie de l’artiste lyonnais. Certains disent de lui qu’il est à la photo ce que Juninho est aux coups francs (ou ce que le Petit Paumé est aux city-guides, ça le fait aussi nan ?), voici son histoire.
Retour sur Dance in Lyon, ou comment associer photographie et mouvement
Le point commun entre Dance in Lyon (2012-2022) et Le Jardin des délices (1494-1505) ? Le triptyque. Sur le panneau de droite ? Son amour pour Lyon. Sur le panneau de gauche ? Son amour pour la danse. Sur le panneau central ? Son amour pour la photo. Mais, si au début du projet Yanis a déjà un bagage photographique conséquent, il s’y connaît autant en danse qu’un esquimaux en salsa, c’est dire ! Alors comment organise-t-on et capture-t-on un mouvement sans en connaître parfaitement la technique ? C’est un échange, c’est du feeling et ça s’apprend sur le tas. Qu’il leur propose d’improviser une pose ou qu’il leur expose sa vision après avoir repéré les lieux à l’avance, Yanis reste toujours très à l’écoute des danseurs. Aujourd’hui, même si ses skills en danse stonks grave, l’artiste lyonnais a encore du mal à corriger les poses. Alors, et c’est sûrement un des piliers de son art, la photo se fait avant tout dans l’échange. Il est respo cadrage/exposition/timing, ils sont respos pose/technique/grâce. Et c’est grâce à ces collaborations dont l’originalité feraient pâlir un Gucci x Quechua qu’on obtient un tel résultat :
La photographie, c’est aussi le contraste. On ne va pas se mentir, tout n’est pas si beau dans la plus belle ville de France. Sauf dans la mire de Yanis Ourabah. La légende raconte qu’il arriverait à rendre charmant et raffiné le pédiluve d’une piscine extérieure à son pic d’affluence en plein mois d’août. Plus sérieusement, son objectif ici est de transformer des lieux à première vue « moches », qui semblent n’avoir aucun intérêt, et de les interpréter à sa manière : « d’aller y mettre du mouvement ». Surprenant en effet de se dire que la photo ci-dessous à été prise sous le pont à côté du parking de la station Jean Macé. « Moi, n’importe quelle rue, j’essaie d’en faire quelque chose ». Un simple détail peut alors faire la différence : un rayon de lumière naturelle, un reflet dans une flaque…
(Ci-dessus : Superman quand il va à une soirée à Croix-Rousse)
La photo, c’est pour de vrai, sans trucage
Disclaimer : ce superbe cliché ci-dessus a été réalisé sans trucage. Résultats du loto, la combinaison gagnante était : appareil au ras du sol, Eliott (le danseur) qui saute et se met à l’horizontale, son reflet apparaît dans la flaque et bingo !
Mais combien de prises pour une seule photo comme celle-là ? Réponse : « Les premières sont jamais les meilleures ». Le plus souvent, capturer un mouvement comme celui-ci est un travail de longue haleine. Les corrections dans l’emplacement, la pose ou l’exposition sont légion avant d’arriver à faire le bon cliché. C’est seulement à de rares moments que la première prise lui donne ce sourire intérieur, signe que ce qu’on recherchait sans le savoir a été trouvé sans même être cherché.
Alors faut-il dans ces moments garder la première prise ? Comment créer cette magie qui fait du cliché choisi un tirage si spécial ? L’impression est-elle l’essence de la photo ? Pourquoi Mbappé est-il parti au Réal ? Réponses dans le prochain épisode, Yanis Ourabah et la photographie, Partie 3.
Paul