L'histoire derrière le nom des stations de la ligne B du métro lyonnais
Publié le.
13/11/2019
Charpennes – Charles Hernu :
Charpennes est à l’origine un vieux quartier de Villeurbanne, qui existe depuis le XVIIIème siècle. Mais attention, ce n'était pas n'importe quel quartier. L’endroit fourmillait de cabarets et de maisons de plaisir.
Concernant Charles Hernu, c’est un ancien maire de Villeurbane qui a exercé sa fonction de maire de 1977 à 1981. Contrairement à Laurent Bonnevay (voir l’article sur la ligne A), Hernu n’était pas un résistant. En 1944, il a même été arrêté pour collaboration avec le régime de Vichy, et accusé d’actes antisémites. Le vieux bougre a tout de même essayé par la suite de se faire passer pour un résistant, alors qu’il avait été enrôlé de force dans les FFI (Force Françaises de l’Intérieur) en 1945, avant d’être réformé… Malgré ce passé trouble, il s’est engagé au Parti Radical dans les années 50, puis au Parti Socialiste. Il s’est progressivement rapproché du centre du pouvoir politique français, jusqu’à devenir Ministre de la Défense en 1981. Il démissionnera en 1985, suite à l’affaire du Rainbow Warrior.
Brotteaux
Jusqu’au XVIIIème siècle, le lit du Rhône se situait plus au Sud-Est de la ville et son tracé était bien plus désordonné. Il passait par l’actuel parc de la Tête d’Or et ses lônes parsemaient l’Est de la cité lyonnaise.
Le fleuve et ses différents bras créaient donc de petites îles dans ce qu’on connait maintenant comme les 6ème, 3ème et 7ème arrondissement. Et l’actuel quartier des Brotteaux correspondait justement à l’époque à l’une de ces petites îles. Et c’est de là que vient son nom. Le mot « Broteau » désignait en « parler lyonnais » une île de la plaine du Rhône.
Part-Dieu
Ici, pas de vérité historique sur l’origine de ce nom. Seulement des hypothèses. Dans les archives de l’Hôtel-Dieu, un acte de cession datant du XIIIème siècle évoquerait un domaine situé au-delà du Rhône et se nommant « la Pardeu ». Ce nom signifierait tout simplement « par Dieu », à comprendre comme « don de Dieu ». On pense donc que ce serait un religieux qui l’aurait nommé ainsi, en référence à la fertilité de cette terre.
Place Guichard
Je vous rassure d’emblée, notre Guichard n’a rien à voir avec celui de Saint-Etienne. Non, celui-là ne s’appelle pas Geoffroy, mais Claudius et est né à Guillotière en 1827. Il s’est enrichi en travaillant dans le secteur de l’imprimerie. En plus de son poste de directeur d’imprimerie, Claudius Guichard a occupé différentes fonctions au sein de la ville de Lyon : conseiller municipal, adjoint du 3ème arrondissement, administrateur des hospices de Lyon, puis député. Au moment de mourir, il a décidé de léguer l’intégralité de sa fortune à la ville de Lyon. Un tel geste méritait bien une place en son nom, n’êtes-vous pas d’accord ?
Saxe-Gambetta
La première partie de ce nom composé, « Saxe », vient du maréchal de Saxe. Le maréchal était Comte de Saxe, un militaire reconnu pour s’être battu en faveur de Louis XV. C’est lui qui avait dirigé l’armée française lors de la guerre avec les Provinces-Unies (Hollande et Pays-Bas autrichien) de 1741 à 1747. En 1748, Louis XV lui fera don du Château de Chambord, assurément l’un des plus beaux châteaux de la Loire, en récompense de ses services rendus à la France.
Portrait du maréchal de Saxe
La seconde partie du nom de cette station de métro vient de Léon Gambetta (1838 – 1882). Gambetta fait partie des grandes figures de la vie politique française de la fin XIXème siècle. Il se fait d’abord remarquer par une violente plaidoirie en 1869 contre le régime de Napoléon III. Durant la guerre franco-prussienne de 1870, il participe à l’avènement de la IIIème République avant d’être nommé ministre de la Défense. À la fin de la guerre, il est élu député de la Seine en 1870. Depuis son premier mandat à l’Assemblée Nationale, il propose des mesures radicales comme la liberté totale de la presse, la séparation de l’Église et de l’État, ou encore l’école gratuite, laïque et obligatoire. Mesures qui verront toutes le jour sous la IIIème république. Président du conseil de 1881 à 1882, il meurt le 31 décembre 1882.
Portrait de Léon Gambetta
Jean Macé
Encore un personnage de la vie politique française du XIXème siècle ! Jean Macé était enseignant, pédagogue, journaliste, et homme politique français. Né dans une famille ouvrière lyonnaise en 1815, il a effectué une scolarité brillante au Collège Stanislas de Paris. Cette origine modeste le poussa, toute sa vie, à se battre pour l’instruction des masses, notamment en écrivant des ouvrages de vulgarisation destinés aux plus jeunes. En 1866, il fonda la Ligue de l’enseignement pour promouvoir l’idée d’une école gratuite, laïque et obligatoire
Portrait de Jean Macé
Jean Jaurés
Décidément, cette ligne B est placée sous le signe de la IIIème République. Jean Jaurès (1859 – 1914) est l’une des figures emblématiques du socialisme français. Il fût l’un des plus brillants porte-parole de la cause ouvrière, et un des leaders de la gauche. Jean Jaurès était contre la politique coloniale de la France, en faveur d'une politique pacifiste avec l’Allemagne, et avait pris position pour Afred Dreyfus face aux accusations de trahison dont il faisait l’objet. Compte tenu de ses positions, notre bon Jaurès n'avait pas que des amis. Trois jours avant la déclaration de la Première Guerre Mondiale, il mourut assassiné, alors qu’il prenait un café en terrasse, par un nationaliste qui l’accusait de trahison envers la patrie pour ses positions pacifistes.
« Il faut aller à l’idéal en passant par le réel »
Jean Jaurès
Debourg
C'est encore une énigme et là on avoue être complètement paumé.
Stade de Gerland
Le stade de Gerland est une des grandes constructions de l’architecte lyonnais Tony Garnier. La première pierre a été posée en 1913, et le stade opérationnel dès 1920. Si vous devez retenir une seule chose sur ce stade, c’est qu’il a été l’antre de l’ogre lyonnais au moment où il régnait en roi sur la Ligue 1.
Autrefois il existait dans ce quartier, le chateau Gerland. Le problème posé par le nom même de ce château et celui du quartier n'est pas résolu de façon satisfaisante. On a cru s'en tirer en lui donnant le sens de "terre de l'eau", car Gerland proviendrait de ger = eau et land = terre ce qui bien sûr, s'accorde fort bien avec sa condition géographique et géologique.
Toutes les hypothèses ont en tout cas tourné autour du domaine de l'eau, à quelques pas du Rhône cela paraît plausible !
Gare d’Oullins
Terminus de la ligne B, c’est ici que notre métronome s’achève. Les portes du métro B s’ouvrent, et vous reprenez votre chemin, toujours aussi paumé, mais un peu plus cultivé.
Le nom de la Gare d'Oullins provient tout simplement d'une nom de la ville qu'elle déserre : située à 6km au sud-ouest de Lyon, dans la proche agglomération, la ville d'Oullins comprend 26 838 habitants.
Sachez tout de même que la ville d'Oullins a connu des péripéties de noms : elle est passé par de nombreuses variantes au cour des siècles.
- Aulanium, en latin médiéval
- Aulin, Aulyns et Aulins, en ancien français vers la fin du 13ème siècle
- Oulino, Ulino et Ullins en moyen français vers la fin du 14ème siècle
Pour découvrir les autres métronomes de la ville de Lyon, rendez-vous ici pour la ligne A, ici pour la C et ici pour la D !