Le siège de Lyon
Publié le.
1/3/2022
Le sang des révolutionnaires a laissé son empreinte sur le drapeau national, mais c’est bien celui des victimes de la terreur qui abreuva nos sillons. Lyon, devenue un temps ville affranchie, a vécu une histoire particulièrement représentative des exactions de la convention nationale.
Lyon pendant la révolution
1789, le peuple parisien prend la Bastille. 1792, les troupes du midi entonnent un chant de guerre renommé la Marseillaise. Ces deux grandes villes de France entrent dans l’histoire de la révolution. Lyon, elle, se fait beaucoup plus discrète, jusqu’à l’année 1793 et le siège de Lyon, qui met en lumière les jeux de pouvoirs des révolutionnaires.
Une révolution, deux camps
21 septembre 92, la République et sa majuscule sont proclamées. Pour ce qui est de la convention nationale, son assemblée, elle se divise rapidement en deux camps : les girondins de Danton et les montagnards de Robespierre. Leurs idées divergent sur de nombreux points. Les premiers ne cherchent pas une révolution totale mais veulent l’apporter au reste de l’Europe par le biais de guerres de conquête tandis que les seconds prônent une révolution totale centrée sur la France. Si les girondins contrôlent de nombreux postes importants, les montagnards peuvent compter sur l’appui du peuple, division à l’origine du soulèvement des Lyonnais de 1793.
Le martyre Chalier
Après l’exécution du roi, les autres puissances européennes se mettent en marche vers les frontières françaises, ce qui donne un prétexte à la convention nationale pour lever une armée, et surtout, instaurer un tribunal révolutionnaire. C’est le début de la terreur, qui verra le renversement des girondins à Paris, tandis qu’ils conserveront un pouvoir fort à Lyon. Ce pouvoir se manifeste par le soutien de la mairie et des riches producteurs de textiles, qui s’opposent aux ouvriers, dirigés par Marie-Joseph Chalier.
Le 9 mars 1793, un ami de celui-ci est élu maire, et met en œuvre une forte politique sociale, avec notamment l’ancêtre de l’ISF. Cependant, les conditions sociales ne s’améliorent pas, ce qui rapproche bourgeois et ouvriers sous l’égide des girondins. Finalement, le 29 mai 1793, les lyonnais se soulèvent ensemble contre les montagnards. Par hasard, les montagnards ont choisi la même date pour renverser les girondins à Paris. Chalier, après avoir instauré la guillotine, a donc l’honneur de l’inaugurer, non pas une fois, mais trois, car la lame est mal affûtée. Cette exécution particulièrement horrible sera utilisée comme propagande à Paris. Là, la révolte lyonnaise est confondue avec de nombreux mouvements contre-révolutionnaires ou sécessionnistes qui ébranlent le pays. Les autorités missionnent alors l’armée des Alpes pour reprendre la ville dans ce qui aboutira à une sanglante répression des lyonnais.
« Lyon fit la guerre à la liberté ; Lyon n’est plus »
Le 9 octobre, Lyon capitule. La convention décide de la détruire et la renomme Ville-affranchie. En réalité, seule cinquante des six-cents maisons désignées seront abattues. La convention envoie alors un extrémiste, Joseph Fouchet, opportuniste et sanguinaire. Il crée un comité révolutionnaire, qui ne peut juger qu’en faveur de la mort ou de l’acquittement au bout d’une délibération de huit minutes au maximum. Le 4 décembre, les exécutions débutent à la guillotine, qui sera remplacée par une méthode plus rapide. Les condamnés, attachés deux par deux, sont emmenés sur les plaines de Brotteaux, où deux tranchées ont été creusées. A seulement quelques mètres, les canons mitraillent, blessant plus souvent qu’ils ne tuent. A l’agonie, les jacobins, royalistes et autres « dissidents » seront achevés et dépouillés par la cavalerie. Plus de 1600 personnes perdent ainsi la vie en quelques mois…
Lyon retrouvera son nom en 1794, sous l’appui de Fouchet, qui, ayant senti le vent tourner, participera au complot contre Robespierre et finira tranquillement sa vie en tant que ministre de la Police de Napoléon.
Kavi