L'irréductible Lugdunum : l'épisode de la peste
Publié le.
28/7/2023
Lyon est une ville riche en histoire, parfois glorifiante, parfois terrifiante, découvrez ici les épisodes les plus tragiques de l’histoire de la ville.
Revenons en 1628, année durant laquelle la peste ravage la ville de Lyon et décime sa population. La propagation de la peste est endémique en France et celle-ci revient régulièrement dans la région lyonnaise. Toutefois, l’épidémie de 1628 est la plus marquante par les ravages qu’elle a commis et les conséquences qu’elle a eu.
Histoire de la Grande Peste
En 1628, des troupes royales venant de Bourgogne et se dirigeant vers l’Italie séjournent dans un village à côté de Lyon, Vaux. Sur place, un soldat meurt de la peste et, parce qu’il avait mal été enterré, la maladie qui lui a causé sa mort commence à se propager à ses alentours, jusqu’à pénétrer dans les portes de la ville par le faubourg de la Guillotière.
Certains religieux considèrent que la peste est uniquement le signe d’une providence divine pour punir les lyonnais de leurs écarts. En effet, l’année précédent le fléau, le carnaval de Lyon avait fêté les jours gras avant le Carême autour de chants qui se faisaient hymnes au plaisir et aux femmes et cet évènement aurait causé une colère divine sans précédent. La peste aurait alors été une punition aux impiétés de ce carnaval.
D'autres affirment à l’époque que la maladie est directement liée à l’arrivée de la religion protestante contre la religion catholique. Le protestantisme serait alors une “maladie des esprits”, à l’origine de la peste qui serait en conséquence la “maladie des corps”.
La gestion de l’épidémie
Dès les premiers cas de peste à Lyon, les habitants les plus aisés ont fui la ville pour aller se réfugier en campagne. Ce phénomène est une catastrophe pour l’économie de la ville qui voit ses riches négociants et notables la quitter et ses artisans dépourvus de travail. La peste, au-delà d’être un fléau humain qui ravage tout sur son passage, est un désastre social et économique pour Lyon.
En ce qui concerne les habitants restés bloqués dans la ville, ceux-ci voient leurs quartiers se transformer en scènes apocalyptiques où misère et mort se rencontrent. Les prémices de la médecine à l’époque ne permettent pas de trouver un remède à la maladie, toutefois les médecins tentent de calmer l’épidémie et de traiter ses maux du mieux qu’ils peuvent.
Considérant que c’est l’air qui propage la peste, les médecins sont reconnaissables par leur costume impressionnant qui leur donne l’allure de corbeaux. Manteau noir, bottes, chapeau et gants en cuir, masque au nez long. Le bec prépondérant au bout de leur masque ne relève pas d’une volonté esthétique mais sert bien à y déposer différents parfums afin que l’air respiré par le médecin soit diminué des mauvaises odeurs, supposées être à l’origine de la propagation de la maladie.
Ces médecins tentent en vain quelques traitements pour pallier la maladie et décident de mettre en quarantaine les infectés. Il existe d’ailleurs une rue de la quarantaine, située dans le 5ème arrondissement de Lyon, c’est ici qu’étaient envoyés les pestiférés afin de les isoler du reste de la population.
Les connaissances médicales de l’époque ne permettant pas de vaincre la maladie, beaucoup se tournent vers la religion pour tenter d’éliminer le fléau. Les lyonnais se tournent vers les saints traditionnels liés à la peste comme Saint Roch et Saint Sébastien, mais aussi unanimement et avec grande dévotion vers le culte marial. C’est ainsi que quelques années plus tard, en 1643 alors que la peste fait de nouveau rage au cœur de la ville, les lyonnais se sont engagés à rendre hommage chaque année à la Vierge Marie si l’épidémie cessait. C’est ainsi que l’hommage à Marie est né, à l’origine un 8 septembre, et c’est cet hommage que nous fêtons chaque année (ou presque) le 8 décembre durant la Fête des lumières de Lyon.
Finalement la propagation de la peste diminue en 1629, mais elle revient avec plus ou moins de véhémence les années qui suivent. Cette grande peste de 1628 a fait près de vingt mille morts à Lyon, ce qu’on estime l’équivalent de la moitié de la population lyonnaise.
Source photo icône : © Pierre Brueghel - Le triomphe de la mort, 1562, Musée du Prado, Madrid