Pourquoi Lyon, capitale des Gaules, n'est pas capitale de France ?
Publié le.
9/8/2024
Lyon est souvent surnommée la capitale des Gaules, titre qu’elle a portée de l’an 12 avant J.C. à 297 après J.C. où elle est destituée au profit de l’actuelle Trèves, en Allemagne. Comment une ville si prospère à la confluence du Rhône et de la Saône a-t-elle perdu de son importance ?
Un assassinat, ça use le couteau. Deux assassinats, ça use, ça use…
La mort de Commode, Fernand Perez
Les amateurs d’histoire romaine, et on sait qu’il y en a parmi vous, savent que le métier d'empereur, aussi prestigieux soit-il, est surtout propice aux accidents du travail, comme l’assasinat par exemple. C’est ce qu’a vécu notre ami Commode en 192, par exemple. Incident fâcheux où il laissera la vie, mais pas de descendant. L'année qui suit est désignée comme l’année des cinq empereurs (à ne pas confondre avec l’année des quatres empereurs, 124 ans plus tôt !). Pertinax, le désigné du Sénat est un habile politicien, mais a la fâcheuse manie de ne pas payer ses gardes et de se trouver des excuses du type «plus de thune dans les caisses du royaume, sorry». Il ne règne que 87 jours avant de subir un accident du même acabit que son prédécesseur (mais que fait la médecine du travail ?). Le suivant, au contraire, est richissime. Malheureusement pour lui, ses gardes grassement rémunérés, et un tantinet ingrats, l’assassinent aussi au bout de 66 jours. Le motif ? Trois autres empereurs se sont déclarés aux confins de l’empire, et eux commandent des légions entières qui ne feraient qu’une bouchée de Rome.
1, 2, 3, trois petits chats, trois vilains petits fripons…
Source : Total war Rome II
Une fois les mauvaises herbes élaguées par tous ces accidents, il reste seulement trois généraux, empereurs autoproclamées. Pour faire vite, oublions Pescennius Niger, qui, vous l’avez dans le mille, est lui aussi victime d’un accident du travail sanguinaire. Il ne reste alors que Septime Sévère, ancien gouverneur de Lugdunum, installé à Rome, et un breton, Clodius Albinus. Nos deux empereurs vont alors s’affronter au nord de Lyon en 197, lors de la bataille de Lugdunum, l’une des plus importante du monde antique en terme de nombre d'hommes engagés (et tués). Clodius perd, mais fait dans l’originalité par rapport à ses confrères : il se suicide ! L’histoire pourrait s’arrêter là, mais Septime réserve un jugement on ne peut plus sévère à la ville qu’il a dirigée pendant deux ans. En effet, sa garnison de cinq cents hommes n’a pas résisté (à un contre soixante) à son défunt rival et l’a même accueilli quelque temps. Outrage ! Les légions vont donc saccager, piller, bruler violer, réduire en esclavage et tuer à peu près tout ce qu’il pourront trouver dans la ville.
Pas de bras, pas d’aqua
La ville ne se relèvera de cette réduction démographique importante que bien après la fin de l’empire romain. D’ici là, les aqueducs ne sont plus entretenus, ce qui pousse la population (enfin ce qu’il en reste) à délaisser la colline de Fourvière et à se rapprocher de la Presqu'Île. Petit à petit, des quartiers entiers sont délaissés, les habitants préférant aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Ainsi, en 297, Lyon, ville secondaire, perd son statut de capitale. Elle passe même sous contrôle Burgonde en 460, tandis qu’un autre peuple, plus au nord, proclame Paris comme capitale des Francs.