Comment profiter à fond des vacances d’hiver à Lyon ?
Publié le.
30/8/2022
Il y a un an à peu près, j’ai déménagé depuis Pondichéry, en Inde, pour m’installer avec ma famille à Lyon. Nous avons trouvé un appartement sympathique, bien que le plafond soit à quatre mètres du sol. Devant cette surface à chauffer, nous avons pris peur pour l’hiver qui s’annonçait rude, ici, dans le Grand Nord. Alors nous avons demandé à des amis lyonnais comment l’être humain faisait pour survivre à ces latitudes inhospitalières. Au début, il n’ont pas voulu nous confier leur secret et nous ont assuré “se couvrir beaucoup”. A force de flatteries et de verres de vin, ils ont enfin avoué. “Quand les températures baissent, à Noël ou même à la Toussaint pour les plus frileux, nous nous rendons aux sports d’hiver pour habituer notre corps”. Ah ! Enfin ! Quelle stratégie osée ! Les lyonnais combattent donc le feu par le feu. En attendant que le réchauffement climatique n’apporte les températures françaises à celles tropicales auxquelles nous sommes habitués, nous avons donc décidé d’imiter nos concitoyens.
Cela ne s’est pas révélé être une tâche facile. Il a d’abord fallu trouver l’équipement. Nous avons investi dans les protections les plus chaudes, en choisissant la veste doublée en poil de dahut et le masque en corne de yéti, certes un peu plus cher, mais chaleureusement recommandé par la vendeuse. Bottes, pantalons, gants et sous-vêtements auto-chauffants sont venus renforcer notre armure. Ainsi, nous étions près à traverser n’importe quelle période glaciaire et à chasser le mammouth que les américains essaient actuellement de cloner. Nous avons paradé devant nos amis, leur vantant les mérites de nos combinaisons. Nous leur avons ensuite parlé de l'hôtel 4 étoiles que nous pensions réserver, en mentionnant brièvement le prêt sur six générations que nous nous appretions à contracter pour payer toutes ces dépenses. C’est avec un air un peu affligé qu’ils ont décidé de nous aider dans nos démarches et de nous accompagner, dès octobre. Il était trop tard pour les vêtements, mais nous avons recherché ensemble des hébergements adaptés aux familles dans les Alpes.
Une fois n’est pas coutume, trouver un logement ne s’est pas révélé une mince affaire, tant nos deux familles sont différentes. Nous avons un enfant en bas âge tandis qu’eux doivent faire avec deux adolescents. Ils adorent le ski, mais nous y allons surtout pour nous confronter aux terribles forces de la nature puis nous réchauffer au spa et jouer au billard. Ils ont besoin de raclette, nous n’y avions jamais goûté. Heureusement, nous avons réussi à trouver un site réunissant et comparant tous les logements chauds de la région. En deux clics, nous avons pu apercevoir les prix et les activités, en filtrant depuis la présence de pataugeoire à la présence de minigolf. Ni une, ni deux, nous avons donc fixé nos dates, réservé un charmant appartement dans un châlet géant, et pris nos forfaits et notre mal en patience jusqu’au jour J.
Le premier jour, nous avions cours à 14h avec un moniteur, qui a eu la bonne idée de revêtir une combinaison rouge pour se démarquer de la foule qui descendait sur les pistes. Nous avons appris le chasse neige, puis l’avons suivi tel une chenille bancale, avant de tous tomber comme des dominos. Comme si l’humiliation n’était pas totale, des puristes nous ont insulté depuis le tire-fesse le plus proche. Tire-fesse que nous avons donc pris après moult chutes. Les skis loins du sol, nous nous pensions en sécurité… Quelle erreur ! La gravité est un démon fourbe, et n’a pas arrêté de marteler nos délicats fessiers jusqu’à l’épuisement. Après deux heures de zig zags intenses, entrecoupées d’entrechocs avec les autres pratiquants et leurs remarques désobligeantes, nous sommes rentrés. Quel bonheur de se ressourcer au spa ! Malheureusement, quand nous sommes sortis à 20h, nos amis, bien plus expérimentés, dormaient déjà… Nous nous réjouissons pourtant de la soirée karaoké… Auquel nous n’avons même pas pu chanter à cause de nos lèvres gercées.
Nous avons failli abandonner, mais nous avons tenu bon. De raclette sauvage en réveil aux aurores, nos corps se sont endurcis. Vous voyez dans les films et les mangas, quand les héros s'entraînent dur pendant deux minutes avec une musique épique et un montage stéréotypé ? C’est un bon résumé de notre semaine. Dur, certes, mais quel plaisir de pouvoir finir la semaine sur du hors piste et de pouvoir hurler à un débutant en snowboard : “Racle pas la piste, la dameuse est déjà passée !”. Une semaine tellement mémorable que ça a brisé notre coeur de rendre les clefs de notre logement et de repartir à la chaleur lyonnaise.
Kavi