Billard Charlemagne

Mon enquête sur la disparition de Mlle Giller m’avait d'abord conduit dans le fin fond du 2ème arrondissement. Puis mon indic l’avait aperçue au Billard Charlemagne. En poussant la porte, j'ai instantanément compris son choix de planque. Dans la pénombre ambiante, on ne distinguait que quelques tables dans un halo lumineux. On se serait cru dans un film policier des années 60, sauf que Mlle Giller n'était autre qu'un chat qui s’était échappé pour la 4ème fois de la semaine.

À l’aube de son couronnement, Charlemagne participa à la glorieuse joute lyonnaise. Opposé dès le premier tour à son rival Widukind de Saxe, le futur roi billarda en direction de son adversaire. Par un subtil effet rétro, il décrocha la tête du malheureux. Celle-ci rebondit contre la barrière, roula sur le gazon et termina sa course dans un trou de taupe. Sa victoire entérinée, il alla étancher sa soif à la taverne du village.

Égaré à Perrache, minuit sonne. Les lumières du billard Charlemagne sont toujours allumées. Je me faufile discrètement à l’intérieur. Je grimpe les escaliers quatre à quatre. Plongée dans la pénombre, une immense salle me fait face. Tenté par le vaste choix de bières, je passe commande avant de me diriger vers le snooker sous l’œil de la pulpeuse Marilyn. Je perds la première partie, mais, revanchard, je gagne la belle.

« Bref, y a pas de pépin ! » Telles auraient été les paroles inspirées de ce sacré Charlemagne après avoir contraint nos amis les Saxons à passer sur le billard. Puis, pour se détendre, il serait allé cultiver les relations américano-carolingiennes en trinquant avec Marylin Monroe, Paul Newman et James Dean. Il aurait mis un franc dans le juke-box et assujetti les 16 billes états-uniennes avant de rejoindre les Angles pour une partie de snooker. Ainsi serait née la légende du Billard Charlemagne.

« Ce billard est so british mon cher Joe, je me ferai bien un petit snooker. - God no, mon cher Richard, c’est un endroit beaucoup trop spacieux pour être British, cet endroit est carrément US, et j’avoue que toutes ces tables americaines me tentent beaucoup plus. - Je te propose de voir ma descente d’Anglais dans ce bar bien fourni, on verra si avec la tête qui tourne tu feras le fier aux fléchettes. - Good old Richard, c’est pas très fair play tout ça, mais on va bien s’amuser ici ! »